Mameda, la “Petite Kyoto” de Hita, dans la préfecture d’Oita
Kyushu (九州) est l’une des îles du Japon encore peu explorée par les touristes occidentaux. Il n’est donc pas surprenant que la plupart d’entre eux ne connaissent pas l’un des trésors cachés de la région, la vieille ville de Hita, située dans la Préfecture d’Oita (大分県).
La vie locale de Hita est ponctuée d’événements tout au long de l’année. Parmi eux, le Hina Matsuri et ses impressionnantes collections de poupées ainsi que les sakura (さくら – cerisiers en fleurs) au printemps. En été, le Festival de Hita Gion et ses grands chars défilant dans les rues. La saison des momiji (紅葉 – le feuillage coloré des érables japonais) et du Festival des lanternes Sennen Akari (千年あかり) en automne. Et en hiver, on peut profiter des sources thermale, ou onsen (温泉), une manière unique de se réchauffer.
C’est à cette période de l’année que je visitais le quartier de Mameda, bien connu des touristes japonais, mais encore peu visitée par les Occidentaux.
Les origines de Mameda
Les origines de ce quartier de la ville de Hita (日田市) remontent à la période Edo. Les dirigeants de l’époque établirent les bureaux administratifs de Kyushu à Mameda, entraînant de vastes projets de construction.
Par chance, la plupart des bâtiments construits à cette époque ont été préservé et sont encore visibles aujourd’hui, tout comme l’aménagement des rues et des alentours. Aujourd’hui encore, il est possible de se repérer dans la ville en utilisant une carte datant de de l’époque Edo ! Cette ville est d’une importance historique telle que ce quartier fut inscrit en 2004 comme Quartier d’Importance Protégé pour ses Groupes de Bâtiments Traditionnels du Japon.
La ressemblance de son aménagement avec l’ancienne capitale du Japon lui doit le surnom de “Petite Kyoto” : elle est traversée par deux rues du nord au sud, et deux autre rues d’est en ouest. Mais de mon point de vue, il n’y a que peut de choses comparables, Mameda est unique en son genre. Suivez-moi à la découverte de Mameda à Hita !
Les origines de l’eau de Hita
On remarque tout de suite une certaine abondance d’eau et de rivières à Hita. Cette région est connue sous le nom de Suikyo (la maison de l’eau). Elle est entourée de montagnes d’où coulent des eaux pures, faisant de cet endroit un véritable paradis de sources thermales. C’est pourquoi bon nombre de ryokan et de onsen y furent construits, comme le Ryokan Sanyokan Hina-no-Sato, que nous visitions.
La promenade d’une quinzaine de minutes qui me menait de la gare de Hita à Mameda était des plus plaisantes, me faisant découvrir la magnifique atmosphère de cette ville historique.
Les boutiques de Mameda
Je décidais de commencer ma visite en me rendant à la Galerie Ontayaki Ohara (小鹿田焼大原) dans une petite rue de Mameda. Ce bâtiment construit en 1920 abrite aujourd’hui une jolie boutique proposant de ravissantes céramiques. Mais le plus surprenant pour moi fut de ne trouver aucun employé ici. Les propriétaires font une totale confiance aux clients qui entrent pour faire un tour dans les rayons.
La rue Uwamachi à Mameda, Hita
La rue Uwamachi est une rue commerçante remplie de boutiques proposant des produits traditionnels. Ashita ya (足駄や), sans doute l’une des meilleures boutiques de la rue, offre un choix infini de chaussures traditionnelles japonaises appelées geta げた. On y trouve même un musée dédié aux chaussures au premier étage. Vous ne pourrez également pas passer à côté de l’immense chaussure de 4 mètres de haut installée dans la boutique !
Au bout de cette rue, nous découvrions le Musée de la Brasserie Kuncho (薫長酒造), une ancienne fabrique de saké, ouverte durant l’ère d’Edo (XVIIe siècle) jusqu’à l’ère de Taisho (début du XXe siècle). Aujourd’hui les visiteurs de passage peuvent y entrer gratuitement. Je recommande vivement cette visite aux amateurs de saké, qui pourront y découvrir les anciens équipements utilisés à l’époque ainsi que les bâtiments d’origine.
Afin de rejoindre cette rue latérale, je marchais le long de la rivière Kagetsu. Je croisais ici de nombreuses personnes âgées, profitant du soleil et d’un peu de compagnie. Il y avait ici dans l’air un sentiment de tranquillité et de sérénité. Je rencontrais très peu de touristes, et encore moins de personnes occidentales. À cet instant là, j’aurai pu me croire en pleine époque Edo, mises à part la route et les voitures bien sûr !
La rue de Miyusuki à Mameda
Dans la seconde rue principale de Mameda, la rue de Miyusuki, je découvrais à nouveau de nombreuses boutiques et me renseignais auprès de l’un des gérants à propos des spécialités culinaires de Hita. Il me répondit fièrement que de nombreuses boutiques du quartier offraient des desserts japonais typiques et m’indiquait plusieurs d’entre elles.
C’est une boutique de miso et de sauce soja qui eut ma préférence – une autre spécialité de Hita – et vendait également des petites pâtisseries traditionnelles. Je choisissais un dessert à base de yuzu (une sorte d’agrumes). Le personnel de la boutique me proposa de goûter à différents produits avant de faire mon choix, toujours avec patience et gentillesse.
Déjeuner à Hitamabushi Senya (ひたまぶし千屋) – l’anguille japonaise
La ville de Hita est réputée pour son unagi (鰻 – anguille d’eau douce). Il existe de nombreuses manières de préparer l’unagi, en teriyaki, à la vapeur ou avec de l’œuf. J’ai eu l’opportunité de goûter à ce fameux plat japonais dans l’établissement Hitamabushi Senya (ひたまぶし千屋), dont l’unagi est la spécialité. Ce restaurant propose un menu en anglais, ce qui est d’une grande aide pour choisir un plat traditionnel japonais. Je choisissais un menu de taille standard avec de l’anguille façon mabushi.
Le seul fait de manger son repas est un divertissement en soi. Après avoir passé votre commande, on viendra vous servir une grande variété d’assaisonnements, tout en vous expliquant comment procéder :
- Prélevez un quart de la nourriture et placez la dans un autre bol, puis dégustez la avec l’assaisonnement déjà ajouté à l’unagi (うなぎ)
- Pour le second quart, ajoutez un peu de yuzu et de poivre épicé
- Pour le troisième quart, ajoutez les oignons verts et le wasabi (わさび). Vous pouvez également ajouter de l’ochazuke (お茶漬け – soupe au thé) préparée avec du dashi (出汁 – bouillon de poisson).
- Pour le dernier quart, suivez vos envies !
Sayonara Hita !
Après ce repas, je me promenais tranquillement dans le quartier, longeant canaux et ruelles étroites tout en profitant de ses pruniers en fleurs et de ses maisons atypiques. J’aurais voulu faire durer le plaisir de cette visite si charmante et quand je partis, je savais déjà que je reviendrai un jour m’imprégner de l’atmosphère de cette ville traditionnelle et historique.
Pour en savoir plus sur la Préfecture d’Oita, voici un peu de lecture :
- Kitsuki, la ville des samouraïs et la péninsule de Kunisaki
- La ville d’Oita
- Beppu, ville thermale aux nombreux onsen
- Tensui, un magnifique ryokan avec onsen
Comment se rendre à Hita
Il est possible de voyager en avion depuis Tokyo ou Osaka jusqu’à l’aéroport de Fukuoka en une heure et demi environ.
Pour rejoindre Hita depuis Fukuoka, il faut compter 1h30 en voiture, 1h45 avec le bus partant de l’aéroport de Fukuoka et 1h10 en train sur la ligne JR Kyushu.
Si vous disposez d’un JR Pass, il est également possible de voyager en shinkansen. Il faut compter 5h30 depuis Tokyo et 2h30 depuis Osaka en empruntant la ligne Tokaido-Sanyo jusqu’à la gare de Hakata.
Article écrit par Maria Peñascal
Traduit par Marion Pont